Quelle immense joie d’avoir été à nouveau présent à ce Festival de courts-métrages de Orry-la-Ville, la troisième édition. Il y a déjà un an et demi, j’ai eu la chance d’avoir été le Président du Jury aux côtés de Alex, Kate, Estelle et Cécile. Merci encore pour votre confiance ! Cette année encore, ce fut une belle aventure durant ce week-end convivial et authentique dans l’Oise.
Un joli programme nous a été concocté par les bénévoles. Vendredi soir, le Festival a débuté avec la projection du drame québécois Le Plongeur, de Francis Leclerc. Adapté du roman éponyme, cette réalisation nous transporte dans la ville de Montréal autour d’un jeune homme qui accumule les dettes à cause de son addiction aux jeux d’argent et prend un petit boulot dans l’arrière-cuisine d’un restaurant à la mode pour fuir ses problèmes personnels. Visuellement, le film est une réussite avec une belle photo, une mise en scène bien menée, notamment pour les scènes dans la cuisine (tout particulièrement la première qui parcourt cette espace de travail) ainsi qu’une bande originale métal & classique vraiment scotchante. Cette dernière est d’ailleurs, selon moi, un personnage à part entière de cette histoire. Enfin, sur l’aspect scénaristique, la thématique de l’addiction est très bien traitée, beaucoup d’intensité et de rythme au sein de ce long-métrage et le protagoniste est bien développé et vraiment attachant. Mention spéciale à Henri Richer-Picard et sa performance exceptionnelle !

Puis, la journée du samedi a été très intense avec la sélection officielle de courts-métrages, composée de 14 réalisations. Voici un retour sur chacune d’entres elles.
Projection de 10h à 12h
- Fortissimo, de Victor Cesca
Année : 2023 – Durée : 14 min
Une comédie rafraîchissante pour bien débuter cette seconde journée de Festival. Humour et religion font rarement bon ménage mais Victor Cesca nous offre un résultat étonnant et très bien reçu par les spectateurs (beaucoup de rires !). En effet, le côté cartoonesque est une très bonne idée de mise en scène, la petite rivalité entre les deux personnages est vraiment drôle (avec ce beau dialogue musical), tout comme le prête hyperconnecté. Enfin, les jeux de sons et de caméra (notamment la dernière séquence) ont également une place importante dans ce court-métrage et contribue à sa réussite. 07/10

- Nos cabanes, de Clément Devilliers
Année 2024 – Durée : 15 min
Lien : https://www.youtube.com/watch?v=3JbubpPxZiEl
Il s’agit d’une comédie dramatique dans le registre des films de potes et librement inspiré du long-métrage Les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet. Malgré une histoire nostalgique, cette dernière manque tout de même d’originalité tout comme la mise en scène assez classique mélangeant caméra amateur (Found footage) pour remémorer les instants du passé et caméra fixe pour capture l’instant présent. Il reste néanmoins une très belle distribution avec beaucoup de naturel et de complicité. 06/10

- Duplicata, de Adrien Lhommedieu
Année : 2023 – Durée : 12 min
Adrien Lhommedieu nous offre un court-métrage muet à mi-chemin entre fiction et comédie satirique. L’idée de scénario est vraiment original avec une dimension écologique intéressante sur la surconsommation et ce défaut humain sur l’accumulation matérialiste. Au delà du propos, les effets spéciaux sont bien réalisés avec de belles références musicales et visuelles. Enfin, l’acteur principal Stéphane Malassagne nous offre une belle interprétation, très investi dans son rôle avec ce côté machiavélique. Une idée originale de traiter le sujet de l’accumulation matérialiste ! 08/10

- Parmi tous ces visages, de Julien Ralanto
Année : 2023 – Durée : 16 min
Parmi tous ces visages est un drame social qui nous raconte la rencontre improbable entre une portraitiste de rue et un jeune migrant. À travers cette histoire, Julien Ralanto met en avant les difficultés que rencontrent les jeunes issus de l’immigration à s’insérer dans le milieu professionnel. De plus, le scénario repose sur des thématiques fortes telles que le regard, le jugement des autres, l’acceptation de soi et l’ouverture sur le monde extérieur. Le court-métrage nous offre également de beaux plans rapprochés ainsi qu’une distribution honorable et sincère. 07/10

- Langue Maternelle, de Mariame N’Diaye
Année : 2023 – Durée : 20 min
Inspiré d’une histoire vraie, Langue Maternelle est un court-métrage sur l’insertion sociale durant les années 80 en France. Malheureusement, c’est un film qui ne m’a personnellement pas touché malgré le message fort (déracinement, maintien de ses origines) et une belle relation mère-fille. L’histoire repose essentiellement sur le contraste social entre la mère qui insiste pour maintenir sa langue maternelle à la maison et le père qui tente de s’intégrer dans la société. Quelques longueurs sont à noter. Il faut tout de même souligner la mise en scène soignée et la belle performance de Mariame N’Diaye. 06/10

Projection de 14h à 17h
- La cour des grands, de Claire Barrault
Année : 2023 – Durée : 25 min
Réalisé par Claire Barrault, La cour des grands est un court-métrage qui introduit, sur un ton léger et comique, des thématiques sérieuses lié au milieu scolaire telles que le harcèlement ou encore les paris dangereux sur les réseaux sociaux. L’histoire se déroule sous forme de huis clos dans une salle de classe avec une belle galerie de personnages bien développés. C’est drôle (notamment avec la chaudière), ponctué de rebondissements avec quelques clins d’œil cinématographique. De plus, la mise en scène est soignée avec de nombreux plans rapprochés et un montage dynamique. Le travelling circulaire en fin d’histoire est sublime ! Enfin, notons également l’excellente interprétation de Zineb Triki dans le rôle de la professeur de français. 09/10 – Coup de cœur de MediaShow
- Monsieur Lucien, de Robin Barrière
Année : 2022 – Durée : 9 min
Nous offrir un court-métrage sous la forme d’un conte, c’est la projection la plus touchante de cette sélection du Orry Film Festival. Derrière Monsieur Lucien se cache une belle histoire fantastique où la réalité et l’imaginaire s’entremêlent parfaitement. C’est poétique avec cette discussion entre les différentes générations (entre l’inventeur et ces élèves à l’école) ainsi qu’une histoire d’amour nous rappelant un peu celle dans le film d’animation Là-Haut des studios Disney Pixar. Du côté de la mise en scène, les effets spéciaux sont amusants avec une belle créativité graphique. Enfin, l’interprétation de Jean-Pierre Combes est honorable et l’acteur est très impliqué dans son rôle. 08/10

- Beyond the sea, de Hippolyte Leibovici
Année : 2023 – Durée : 25 min
Beyond the Sea est un drame musical sur le monde cabaresque. C’est également l’histoire d’une famille morcelée et l’annonce d’un évènement tragique qui va de nouveau réunir le père et son fils. Ces deux sujets sont habilement réunis au sein de cette histoire bien rythmée avec un côté jazz prononcé à travers les notes musicales et avec une séquence finale marquante, inspirée par la comédie de broadway (et un petit clin d’œil à La La Land). Sur le plan visuel, il faut souligner le travail exceptionnel sur les costumes et maquillages. Enfin, la distribution est également un élément fort de cette production, notamment grâce à l’excellente performance de Jean-Michel Vovk. 08/10

- Poussières, de Alexis Duflos
Année 2022 – Durée : 11 min
Court-métrage disponible sur Vimeo.
Poussières est un film muet qui raconte, avec beaucoup de poésie, l’arrivée d’un migrant en France suite à une guerre dans son pays. Malgré une partie animée très originale, la mise en scène manque de finition (tout particulièrement les effets spéciaux) surtout pour un court-métrage qui joue davantage sur la forme plutôt que sur le fond. 05/10
- La Photographe, de Alexander Graeff
Année : 2023 – Durée : 20 min
Face à ces nombreuses fictions dans cette sélection, Alexander Graelf nous offre un court-métrage biopic basée sur une histoire vraie, celle d’une photographe allemande durant la Seconde Guerre Mondiale : Gerta Pohorylle. Diffusée en noir et blanc, cette réalisation féministe vraiment captivante est une œuvre de justice et dénonce la place de la femme dans le milieu professionnel à l’époque. Un sujet encore d’actualité. De plus, la mise en scène est soignée. Enfin, la distribution est honorable portée par un rôle féminin fort : Anna Maria Sturm. 09/10 – Coup de cœur de MediaShow

Projection de 18h à 20h
- Amour noir, de Victor Hérault
Durée : 2022 – Durée : 23 min
Que se passe-t-il après le mariage ? Est-ce que cette étape de la vie change un couple ? Devient on plus heureux ? C’est la thématique du court-métrage Amour Noir qui nous offre une belle et touchante histoire d’amour ainsi qu’une belle leçon de vie, tout particulièrement pour les jeunes couples. Victor Hérault, le réalisateur, n’oublie bien évidemment pas une petite touche d’humour fort appréciable. C’est justement dosé, bien rythmé avec une belle complicité entre les deux acteurs principaux, Andranic Manet et Paola Valentin. Bravo ! 08/10

- Coupeur de route, de Christophe Granger
Année : 2022 – Durée : 20 min
Avec Coupeur de route, Christophe Granger nous invite à suivre les aventures d’un jeune homme qui traîne et vole sur les airs d’autoroute. Traitant pourtant d’un sujet fort (la prostitution masculine), le court-métrage ne raconte malheureusement pas grand-chose et le message derrière cette histoire n’est pas marquant. De plus, l’absence de dialogues (il y en a très peu) n’aide pas à combler ce vide scénaristique. Enfin, la mise en scène ainsi que la distribution sont honorables mais sans véritable distinction. C’est la déception de ce Festival. 03/10

- Le bain, de Maxime Simon
Année : 2023 – Durée : 09 min
Court-métrage disponible sur Handicap Live.
La réalisation la plus courte de cette 3ème édition du Orry Ciné Festival et pourtant l’une des plus percutantes avec le thème de la maladie d’Alzheimer. Au-delà d’une excellente mise en scène avec de magnifiques plans serrés, le court-métrage nous offre également un scénario de qualité et très émouvant, tout particulièrement sur cette belle relation entre la vieille dame et « l’aide soignante » dont l’identité, dévoilée en fin d’histoire, m’a profondément bouleversé. Le film fait également un bel hommage aux soignants qui s’occupent de ces personnes atteintes de cette maladie. Une réalisation pleine de tendresse et de pudeur. 09/10 – Coup de cœur de MediaShow

- Pavane, de Pauline Gay
Année : 2023 – Durée : 26 min
Court-métrage disponible sur Arte.
Dernière projection de la journée avec Pavane, qui mêle habilement le monde du cinéma (à travers le regard d’une jeune fille) et celui des usines (à travers avec le regard de sa mère). C’est ainsi que ce court-métrage nous raconte la relation d’une mère, soucieuse de sa retraite et travaillant dans une usine alimentaire, et de sa fille réalisatrice et pleine d’ambition. Les deux femmes ont une vision bien différente de la vie et du travail. A travers cette histoire, Pauline Gay évoque ainsi le regard porté par les anciennes générations sur le monde actuel ainsi que le travail difficile dans les usines, malgré la bonne ambiance entre les salariés. Un drame social bien réalisé avec une belle mise en scène et de très bonnes interprétations de la part de Corinne Masiero et de Salomé Dewaels.

Découvrez les grands vainqueurs de cette troisième édition : https://www.orryfilmfestival.fr/post/annonce-des-vainqueurs-le-couronnement-des-cr%C3%A9ateurs
