Juste la fin du monde

jlf

Fiche :

Résumé :

Après douze ans d’absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine.  Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles, et où l’on dit malgré nous les rancoeurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.

Ma Critique :

Grande découverte du jeune et talentueux réalisateur Xavier Dolan. Ayant entendu vaguement parler de sa filmographie avec « Mommy » ou bien « Tom à la ferme » par exemple, je ne m’y étais pas trop attardé. Son dernier long-métrage m’a bien ouvert les yeux sur ses grandes capacités cinématographiques et il serait peut-être temps que je commence à m’intéresser à sa vie de réalisateur ! « Juste la fin du monde » est sa sixième réalisation, un long-métrage avec une histoire si banale mais d’une intensité presque inégalable. Au cœur d’un repas familial, le réalisateur transforme cette réunion en un véritable drame d’une puissance exceptionnelle, agrippant notre attention jusqu’à la dernière réplique. Accompagnée de choix musicaux improbables, la mise en scène est vraiment prenante, dont les dialogues sont vraiment exceptionnels et surtout le jeu de caméra très bien maîtrisé. Enfin, nous retrouverons un casting d’une qualité imbattable avec un Vincent Cassel à son plus haut niveau ou encore une Marion Cotillard épatante. Franchement… Bravo Xavier ! Passons désormais à notre petite critique … sur MediaShow !

Du théâtre au cinéma.

En effet, « Juste La Fin Du Monde » est l’adaptation d’une pièce théâtrale éponyme de Jean-Luc Lagarce. Le réalisateur, Xavier Dolan, décide donc de l’adapter en y reprenant au mieux les répliques et les caractères de chaque personnage afin de rester fidèle à l’oeuvre. L’histoire nous raconte le retour d’un écrivain, Louis, auprès de sa famille après douze années d’absence pour leur annoncer sa mort prochaine. Bien que l’intrigue soit minimaliste, l’intensité du sujet est vraiment remarquable et presque inégalable. Après tout… ce n’est pas pour rien que ce long-métrage a fait remporter à Xavier Dolan deux prix au 69ème Festival de Cannes ! Nous assistons à un « huis-clos » dans le foyer familial où la tension ne fait que s’accentuer au fil des répliques. Le décor est planté avec une réunion familiale qui s’annonce vraiment oppressante de par son intensité dramatique. Comme vous l’aurez compris, c’est le thème de la famille qui est mis en avant, un espace d’entente parfois très sensible, comme un lieu de tous les dangers. C’est avant tout une image assez grossière de la famille mais Xavier Dolan a le don de nous bouleverser en reflétant brillamment certains moments de notre vie comme par exemple les sujets politiques en famille. C’est ainsi psychologiquement très fort !

Tout d’abord, le réalisateur fait passer ce message par le biais de monologues dramatiques assez exceptionnels de Louis, mais aussi au travers de dialogues aussi bien émotionnels que puissants dans les propos. Nous ferons face à la fragilité et la sensibilité de Catherine et de Louis, puis à la brutalité et la névrose inexpliquée d’Antoine, pour enfin s’attarder sur la vulgarité de Suzanne. Des personnages uniques sur le caractère formant une famille totalement hétérogène. L’ensemble forme un sacré cocktail d’émotions qui finira par nous submerger et nous installer dans une position assez déroutante. D’autre part, le réalisateur pigmente ses longues scènes de paroles par de nombreux échanges de regards, l’expression du visage en devient un véritable outil. Beaucoup de silences, des sourires, des éclats de voix, des regards, des larmes, de la violence… Tout ceci est bien évidemment accentué par des gros plans plutôt anxiogènes et vraiment soignés, permettant d’ancrer chaque expression. Enfin, le film gardera un rythme assez constant avec notamment l’insertion de « flash-backs » nostalgiques pour relever certains passages assez longs et assez dense en dialogues. Parlons à présent de la mise en scène !

Une mise en scène exceptionnelle.

« Juste la fin du monde » est aussi une belle œuvre cinématographique grâce à une mise en scène exceptionnelle, tant sur le visuel que sur la bande sonore. Voulant se rapprocher au plus près de la pièce de théâtre, Xavier Dolan avait donc opté pour un « huit-clos » à l’allure dramatique. Un pari plutôt culotté car ce genre de tournage provoque facilement l’ennui si le rythme est mal équilibré. Mais la manière dont le film a été tourné permet vraiment de se focaliser sur chaque scène. Le jeu de caméras est superbe, nous permettant d’être au plus près des émotions de chaque personnage. Comment ? Avec la mise en place de gros plans, avec un énorme travail sur le « floutage », mais aussi avec un intelligent focus sur le personnage de Louis, permettant vraiment de se mettre dans sa peau. Franchement… Je n’avais jamais autant apprécié un film dramatique de ma vie, principalement grâce à ce jeu de caméras juste incroyable ! D’autre part, la photographie est très belle, avec de belles nuances justement dosées selon la situation. Enfin, les ralentis utilisés dans les flash-backs sont très utiles et rendent vraiment l’instant nostalgique.

Terminons cette partie par la bande musicale. Des choix musicaux qui collent parfaitement à l’ambiance du film, vraiment improbables pour certains morceaux. Certaines pistes amplifieront les émotions, tout comme cette difficulté de communication au sein de la famille. Puis d’autres morceaux créeront plutôt une force surprenante et vraiment nostalgique comme « I Miss You » de Blink 182, « Genesis » de Grimes, « Natural Blues » de Moby ou encore la célèbre « Dragostea Din Tei » d’Ozone juste excellente ! Xavier Dolan nous impressionne sur tous les aspects. Quel talent franchement !

La cerise sur le gâteau ? Le casting !

Un réalisateur Québécois et une brochette d’acteurs français. Pourquoi pas ! Mais quel choix succulent de la part de Xavier Dolan. Des acteurs qui se cachent parfaitement derrière leurs personnages pleins de rancœur, de jalousie et d’incompréhension. De magnifiques prestations ! Après avoir tenu le premier rôle dans le film « Saint-Laurent », Gaspard Ulliel s’empare à nouveau de la tête du casting avec son personnage, Louis. Un jeune acteur, plein d’ambitions, qui est surprenant mais aussi très émouvant grâce à une belle interprétation. Puis, Nathalie Baye devient la doyenne du casting, bouleversante et attachante dans son rôle de mère excentrique mais aimante. Léa Seydoux et (surtout) Marion Cotillard tiennent un rôle important de leur carrière, avec deux interprétations totalement opposées mais bien maîtrisées. Enfin, selon moi, l’acteur le plus mémorable du film reste Vincent Cassel. Doté d’un fort charisme, il réussit son interprétation (sans trop sur-jouer) d’un homme cruel mais tellement drôle dans ses répliques.

Pour résumer… Une belle découverte du réalisateur Xavier Dolan avec son septième long-métrage « Juste la fin du Monde ». Adaptation d’une pièce de théâtre, le film tente de rester le plus fidèle possible. Malgré une intrigue banale, le réalisateur transforme cette simple réunion familiale en un véritable drame d’une grande puissance psychologique, agrippant notre attention. Les dialogues sont vraiment exceptionnels et très profonds, la mise en scène est très prenante avec un « huis-clos » parfaitement maîtrisé, le jeu de caméras est intelligent et les choix musicaux, bien que parfois improbables, collent parfaitement à l’ambiance. Enfin, le casting reste d’une grande qualité imbattable avec un Vincent Cassel à son plus haut niveau ou encore une Marion Cotillard épatante. Hâte de regarder d’autres long-métrage de ce brillant réalisateur !

Ma note : 16/20

4 commentaires

  1. Très bon article ! Je vais voir le film, ce mardi. J’ai vu intégralement (et sur grand écran) l’oeuvre complète de mon compatriote Xavier (eh oui, je suis québécois…). J’admire la sensibilité de ce brillant jeune cinéaste. Visuellement, ses réalisations sont splendides. Enfin, il réussit toujours à tirer le maximum de ses interprètes. Petite erreur dans votre article, toutefois : « Juste la fin du monde » est le 6e film de Monsieur Dolan (et non le 7e). Ses précédentes réalisations étaient (par ordre chronologique) « J’ai tué ma mère », « Les amours imaginaires », « Laurence anyways », « Tom à la ferme » et « Mommy ». Merci 🙂

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  2. Dolan c’est la baaaaaaaaaaaase! Découvert avec Mommy où j’ai pleuré toutes les larmes de mon coprs devan,t tant de beauté cinématographique et un jeu d’acteurs absolument excellent, je me suis tordue de rire devant Amours imaginaires que je conseille totalement! J’hésite à aller voir celui-ci (je suis très sensible et les drames ça me déprimes pendant des jours haha, d’ailleurs Mommy ça reste collé à la peau un bon bout de temps) je pense que j’irai le voir rien que pour la prestation de Vincent Cassel… Merci pour ton site! Bravo!

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    • Merci pour ton retour 👌 Je te conseille vraiment de voir son dernier long-métrage. Il n’est pas hyper sensible mais cette embrouille familiale vaut carrément le détour ! N’hésite pas à partager mon site autour de toi 👌 Ainsi que la page Facebook !

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