Festival de court métrage – Orry-La-Ville (Seconde édition)

Quelle immense joie d’avoir été à nouveau présent à ce Festival de courts-métrages de Orry-la-Ville, la seconde édition. Il y a déjà un an, j’étais spectateur et cette année, grâce à José et à toute l’équipe du Festival, je me suis présenté en tant que Président du Jury. Merci encore pour votre confiance ! Ce fut une belle aventure durant ce week-end convivial et unique dans l’Oise.

Un joli programme nous a été concocté par les bénévoles. Vendredi soir, le Festival a débuté avec la projection de la comédie « Les Lendemains de Veille », de Loïc Paillard. Un film sur une bande de potes reposant sur une histoire divertissante, bien rythmée, parfois émouvante et qui se démarquera dans le registre par la présence d’images d’archive… car oui, le scénario s’inspire librement du passé du réalisateur.

Puis, la journée du samedi a été très intense avec la sélection officielle de courts-métrages, composée de dix-sept réalisations. Voici un retour sur chacune d’entres elles.

Projection de 10h à 12h

  • Bonne soirée, réalisé par Antoine Giorgini (2022)
    Durée 23 min – Budget : 90 000 € – Prix du Jury

Une comédie satirique sur la situation des migrants en France, avec une dimension politique intelligemment amenée. Dans cet huis-clos, le réalisateur nous offre une double lecture à travers cette discussion de famille mais également un double retournement de situation assez inattendu : la réaction du policier et celle de la femme envers les propos de son mari. Enfin, le casting est formidable avec deux excellentes interprétations de Georgia Scalliet et Romain Cottard.

  • Rêves party, réalisé par Amélie Prévot et Marion Christmann (2022)
    Durée : 2 min – Budget : 4 000 €

Reposant sur la thématique du rêve, ce très court-métrage est une version revisitée du dessin animé culte « Bonne nuit les petits » où une petite fille rencontre un dealer de drogues dans la rue. La mise en scène fourmille de nombreuses références à l’univers original, notamment le costume du dealer et la bande sonore. De plus, la chute de cette histoire est certes osée mais particulièrement originale et drôle. On regrettera tout de même le manque de naturel dans l’interprétation de l’acteur et de la petite fille.

  • L’effort commercial, réalisé par Sarah Arnold (2020)
    Durée : 17 min – Budget : 125 000 € –
    Grand Prix du Festival Orry La Ville

Coup de cœur de MediaShow : Inspiré de faits réels (explications avant le générique de fin), « L’effort commercial » traite d’un sujet difficile et toujours d’actualité : la place de la femme dans le monde du travail. Pour illustrer cette thématique forte, l’histoire se concentre sur le quotidien éprouvant du métier de caissière. Le scénario est bouleversant, tout comme la mise en scène singulière et percutante : le tournage en 16mm avec un grain sur l’image, le format 4:3, un côté rétro, quelques superpositions de plans, un fond blanc et un supermarché sans clients pour attirer essentiellement notre regard sur ces femmes, totalement déshumanisées. Le court-métrage se termine brutalement avec un dénouement choc, d’autant plus marquant sur le plan visuel grâce à une nuance de couleurs prononcée. Enfin, la distribution est remarquable et menée par Candice Pauilhac.

  • Sweet Dreams, réalisé par Benjamin Ifrah (2022)
    Durée : 2 min – Budget : 3 000 € –
    Prix du Très Court-Métrage

Reposant sur la thématique du rêve, ce très court-métrage présente « Sweet Dreams », le service après-vente des rêves. On y suivra l’appel de Judith et d’un client mécontent. L’idée est assez originale, dans ce monde futuriste, et dénonce efficacement les dangers de l’internet (notamment sur les données privées). Les effets visuels sont très drôles et soignés, tout comme les décors. Enfin, notons également de très bons acteurs, notamment Cécile Marx, avec de bonnes interprétations très naturelles.

  • Fanfare (titre anglais : ‘Born to Cry’), réalisé par Léo Grandperret (2021)
    Durée : 16 min – Budget : 75 000 €

C’est une belle comédie romantique traitant le sujet du contrôle des émotions. On y retrouve Jules, un forain de 20 ans, suivi par une fanfare comme punition après avoir ressenti trois émotions fortes. Le comique de répétition est le véritable atout de ce court-métrage, avec des scènes vraiment drôles. La bande originale est également entraînante. De plus, ayant été exclusivement tourné en soirée / nuit, le rendu visuel est soigné. Enfin, le dénouement de l’histoire est intime et touchant avec une morale : accepter vos sentiments, rester soi-même. Malgré de beaux plans sur les regards des deux protagonistes, on regrettera tout de même le côté un peu niais de cette rencontre amoureuse qui manque de profondeur.

Projection de 14h à 17h

  • Jerky Flow, réalisé par Adnane-Rami (2021)
    Durée : 23 min – Budget : 1 200 € (coût personnel)
    La mention spéciale du Jury

Le Jury a décidé d’attribuer une mention spéciale à ce court-métrage dramatique grâce à son message fort sur l’histoire de ce jeune bègue, Riad, voulant se lancer dans un concours de Rap. Sur le plan esthétique, « Jerky Flow » est une réussite avec de belles nuances de couleurs pour les scènes de nuit ainsi qu’une bande originale assez marquante (tout particulièrement les paroles de la dernière musique). De plus, l’actrice jouant la mère de Riad est bouleversante avec une très belle interprétation. Côté scénario, ce drame transmet une belle morale et bénéficie d’un bon développement du protagoniste et de son entourage familial. En revanche, pour les défauts, le grain de l’image est malheureusement trop prononcé et les interprétations des autres acteurs du court-métrage (Riad, son frère et ses amis) sont décevantes.

  • Quand je serai grande, réalisé par Maxime Flourac (2022)
    Durée : 2 min – Budget : 300 €

Une nouvelle fois sur la thématique du rêve, ce court-métrage ne m’a malheureusement pas marqué. Hormis l’effet de surprise en fin d’histoire, l’interprétation de la petite fille manque de naturel, avec une impression qu’elle a simplement répété son texte, et le son n’est vraiment pas bon, très caverneux.

  • Les enfants de Bohême, réalisé par Judith Chemla (2021)
    Durée : 20 min – Budget : 67 000 €

C’est une autre belle sélection de cette seconde édition reposant sur un scénario musical et un univers onirique fabuleux. On y suit l’histoire de Idi et Rita qui vivent chez leur grand-mère, Manie et qui, à travers leurs rêves, nous remémorent les souvenirs qui ont partagé avec leur drôle de maman. Au-delà de l’intrigue principale, l’interprétation de Judith Chemla est vraiment incroyable, totalement excentrique et avec une belle voix. De plus, la jeune Gloria Manca est très touchante. Enfin, sur le plan esthétique, cette production est soignée avec une belle mise en scène, de beaux décors (surtout le palais) et des travellings circulaires maîtrisés. Liberté artistique ou maladive ? C’est la grande question que l’on se pose à la fin de ce court-métrage…

  • Shakira, réalisé par Noémie Merlant (2019)
    Durée : 25 min – Budget : 120 000 €

C’est un drame social sur l’immigration et la prostitution des jeunes femmes au sein des roms. Inspirée d’une histoire vraie, ce court-métrage se présente sous la forme d’une docu-fiction et cherche à exposer les raisons pour lesquels ces personnes sont amenées à voler, casser et manipuler. D’un avis subjectif, cette intrigue ne m’a absolument pas touchée et j’en suis totalement indifférent. C’est une dramaturgie simple, avec une touche romantique et qui manque véritablement d’enjeux scénaristiques.

  • Un monde sans crise, réalisé par Ted Hardy-Carnac (2020)
    Durée : 20 min – Budget : 15 000 €

Cette comédie fantastique nous plonge dans un futur proche où les exigences sociales ne sont plus tout à fait les mêmes. Sous forme de dystopie, il faut souligner l’originalité du scénario qui propose un savant mélange entre le monde du travail et les relations amoureuses… faites place au CDI de l’amour et à « Pôle Amour » (joli clin d’œil à Pôle Emploi). Le court-métrage dénonce l’absurdité de la pression sociale pour que l’être humain soit dans des normes dits « standards ». Enfin, la mise en scène propose de belles idées visuelles vraiment drôles, tout particulièrement la scène où Tiphaine Haas et Bastien Bouillon se déshabillent.

  • Free Fall, réalisé par Emmanuel Tenenbaum (2021)
    Durée : 19 min – Budget : non communiqué

Coup de cœur de MediaShow : C’est un peu le court-métrage « hollywoodien » de ce Festival d’Orry-La-Ville. Rassurez-vous, il s’agit d’un retour très positif pour cette production française (mais avec des dialogues en anglais) centrée sur un jeune homme, débutant dans le trading, qui va profiter des attentats de 2001 pour enrichir l’entreprise dans laquelle il travaille. C’est un thriller avec beaucoup de suspens ainsi qu’une pression forte autour du personnage principal et de ses ambitions folles. Le dénouement est vraiment percutant avec un twist final qui fera simultanément ressentir de l’euphorie et de la froideur. Côté mise en scène, « Free Fall » présente un aspect documentaire avec des images d’archive sur les évènements de 2001 et repose sur un montage nerveux, permettant de maintenir un rythme effréné. Enfin, la distribution est exceptionnelle et, bien que les acteurs ne connaissent pas ce milieu professionnel (confirmé lors du festival), chaque interprétation est formidable.

Projection de 17h30 à 21h

  • L’enfant et la nuit, réalisé par Pascale Hannoyer (2021)
    Durée : 23 min – Budget : 120 000 €

Ce court-métrage présente de nombreuses qualités sur le plan esthétique : une bande-originale poétique, une photographie soignée, de très belles images dans l’obscurité et quelques effets spéciaux apportant une touche fantastique à l’œuvre. Malheureusement, le scénario peine à convaincre avec un manque d’enjeux et, pour ma part, je n’ai pas réussi à cerner le message derrière cette histoire. Certes, cette réalisation aborde des thématiques fortes (dépassement de soi, la peur de l’inconnu et la barrière du langage) avec une jeune héroïne très attachante mais cela n’est pas suffisant pour attirer l’attention du spectateur.

  • Green Fit, réalisé par Maxime Pistorio (2021)
    Durée : 15 min – Budget : 100 000 €

Coup de cœur de MediaShow : Mention spéciale au réalisateur qui nous a bien faire rire durant le débat d’après-projection ! Ce court-métrage est une comédie satirique très efficace visant à critiquer le capitalisme et le monde de la consommation. On y retrouve Xavier qui souhaite garder la ligne et décide s’inscrire dans une salle de sport gratuite, où il en devient un produit pour fabriquer de l’énergie. Personnellement, j’ai adoré le concept et l’humour est vraiment au rendez-vous avec un comique de répétition redoutable et une excellente interprétation de Marc Fraize. A cela s’ajoute d’une belle mise en scène dynamique et très colorée. Très peu de dialogues dans ce court-métrage, tout se joue sur le visuel et les gestes du protagoniste. Enfin, la bande originale est entraînante. Un très bon moment !

  • Avant-Garde, réalisé par Adrien Guedra et Maxime Azzopardi (2021)
    Durée : 15 min – Budget : 5 000 €

C’est le troisième court-métrage de ce festival d’Orry-la-Ville qui repose essentiellement sur du comique de répétition. Cette fois-ci, c’est au tour de l’administration française d’être au premier plan ! L’histoire nous emmène en 1984 à la frontière franco-allemande où Felix Gösmann, un galeriste berlinois, doit faire face à deux douaniers français pour l’œuvre d’art qu’il transporte. Le scénario emprunte le sentier de l’absurdité jusqu’au dénouement et nous offre des passages vraiment hilarants. Côté mise en scène, les décors et les costumes sont soignés et je suis d’ailleurs agréablement surprises du rendu visuel avec le petit budget de cette production. Enfin, la distribution est honorable et portée par Richard Sammel, François Rollin et Pierre Samuel.

  • Inconnu au bataillon, réalisé par Alexis Loukakis (2021)
    Durée : 23 min – Budget : 70 000 €

Dès la première scène, on savait à quoi s’attendre quant à la qualité esthétique de ce court-métrage. En effet, la mise en scène est immersive aussi bien dans les costumes, les décors et les couleurs pâles. Nous débarquons en 1918, au lendemain de l’armistice, dans les tranchés et sur le terrain de combat. Interprétés par de véritables humains au premier plan, les cadavres sont réalistes. L’ambiance froide de l’époque est donc posée. Forcément, avec cette introduction, il y a de quoi s’attendre à voir une histoire de guerre. La surprise fut de taille lorsque le réalisateur installe un humour noir qui vient parfaitement contrebalancer ce climat tragique. L’ensemble scénaristique est équilibré, bien rythmé et se conclut sur une scène mémorable entre des soldats français et allemands dans une église. Mythique !

  • Partir un jour, réalisé par Amélie Bonnin (2021)
    Durée : 24 min – Budget : non communiqué

Seconde comédie romantique de cette seconde édition du Festival de Orry-la-Ville avec quelques notes musicales. L’histoire est ordinaire mais sympathique à suivre, ayant pour thématique principale l’amour de jeunesse. Côté mise en scène, le court-métrage est proposé au format 4:3 avec un grain d’image et une bande originale des années 90 entraînante, offrant ainsi une touche de nostalgie à l’œuvre. Saluons la belle performance de Bastien Bouillon. Rien d’exceptionnel mais tout de même divertissant !

  • Dans les yeux de Thomas Pesquet, réalisé par P.E. Le Goff (2022)
    Durée : 25 min – Budget : non communiqué.

C’est le court-métrage hors compétition de ce Festival : un documentaire sur Thomas Pesquet et son voyage spatial. De belles images, la voix-off de Marion Cotillard douce, une bande originale jazzy et une ambiance immersive. C’est visuellement très beau ! Par contre, je n’ai absolument pas compris la dimension écologique de cette réalisation quand on connait plus ou moins l’empreinte carbone immense de cette expédition… (se faire livrer un saxophone dans l’espace… on en parle ?)

Suite à cette journée riche en cinéma, le Jury s’est réuni autour d’une pizza puis d’un verre pour discuter et décider des gagnants de chaque Prix. Voici le Palmarès :

  • Grand Prix du Festival Orry-la-Ville : L’effort commercial
  • Prix du Jury : Bonne soirée
  • Mention spéciale du Jury : Jerky Flow
  • Prix du Très-Court : Sweet Dreams.

Pour terminer ce festival, toute l’équipe du Festival s’est réuni autour d’une bonne Paëlla le dimanche midi puis l’après-midi était consacrée à la diffusion des courts-métrages réalisés par les élèves du collège de La-Chapelle-en-Serval. De belles réalisations amateurs, ce fut une agréable surprise. Parmi « Illusion », « La clé du Paradis », « La Moelle », « La porte du Paradis » et « Retour Possible », le Jury a décidé d’attribuer les prix suivants :

  • Grand Prix des élèves du Festival Orry-la-Ville : Retour Possible
  • Mention spéciale du Jury : La Moelle

Retrouvez tous les courts-métrages des élèves sur la page Facebook du Festival Cinéma Orry-La-Ville.

Que de bons souvenirs… et je me souviendrai de cette superbe équipe du Jury, composée de : Alex, scénariste et réalisateur, Kate, réalisatrice et gagnante du Grand Prix de la première édition du Festival avec son court-métrage « Little Berlin », Estelle, jeune étudiante et gagnante du Grand Prix des Elèves de la première édition du Festival et enfin Cécile, professeur de français.

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